Les nouveaux outils à disposition du citoyen, l’émergence de nouvelles formes collectives d’action, le foisonnement d’initiatives privées comme publiques, l’ingénierie décentralisée du réseau, la mondialisation des échanges sont autant de facteurs qui remettent en cause l’exercice traditionnel de la puissance publique.  Internet s’est majoritairement développé sans les Etats, et en dehors d’eux : leur capacité et légitimité à réguler et développer ces réseaux sont d’ailleurs contestés, surtout depuis que l’ampleur des dispositifs étatiques de surveillance de masse a été mise en évidence. 

La déterritorialisation d’internet remet particulièrement en cause les prérogatives nationales : quelles lois doivent-elles s’appliquer à un service dématérialisé ? Comment agir sur des acteurs non identifiables ou impossibles à atteindre ? L’action des régulateurs se trouve souvent dépassée par la rapidité d’adoption de nouveaux usages innovants qui émergent hors des cadres réglementaires établis. Une autre dimension de cette question est celle la fiscalité, qui se heurte à des difficultés de collecte de données et à des réticences de freiner le développement de l’activité économique. 

Internet a par ailleurs apporté une demande de plus en plus marquée des citoyens pour d’avantage de transparence des gouvernements et des acteurs publics. Un nombre grandissant d’États et d’institutions publiques s’engagent en réponse dans un processus d’ouverture, qui s’entend non seulement comme l’ouverture des données publiques (open data) mais également comme une ouverture plus large des processus de décision et de réalisation de l’action publique (open government). L’enjeu n’est plus uniquement la redevabilité mais également l’inclusion et la construction collective des décisions.

Les acteurs de l’action publique se doivent également d’être en mesure d’utiliser les nouveaux canaux de communication numériques (réseaux sociaux, plateformes etc.) pour interagir avec les individus et les collectifs. Là encore, il s’agit non seulement de mieux communiquer, via des médias plus riches et plus rapides mais aussi plus informels, organiques et interactifs, mais également d’amener ces interactions vers la collaboration autour de l’action publique pour en améliorer la portée, l’efficacité et la légitimité.

L’ubiquité des technologies numériques a finalement fait naître de nouveaux droits. En France, la loi numérique de 2016 impose aux fournisseurs d’internet le maintien d’une connexion minimum, à l’image des exigences de maintien de services pour l’eau ou l’électricité. Au-delà du droit à la connectivité, de nouvelles exigences légales s’expriment autour de la maîtrise des données personnelles, de la sécurité des transitions, de la loyauté des acteurs du web ou encore du droit à un internet neutre et ouvert.