Bilan des interventions passées de l’AFD

L’activité de l’AFD dans le numérique est difficile à évaluer étant donné son caractère transversal et l’absence d’un indicateur de suivi des composantes numériques des projets. Il est néanmoins estimé que le groupe AFD a engagé 1,3 Md€ sur 2001-2015 dans le numérique, pour un total de 184 projets. dont 829 M€ dans le secteur des télécommunications (54 projets) soit 65% du total. Les 455 M€ restant correspondent à des projets dans des secteurs sociaux (e-santé, e-éducation), le soutien au secteur privé, et des volets numériques de projets transport et énergie. En moyenne, les financements ont un ticket moyen de 15 M€ par projet dans les télécommunications et de 3 M€ par composante numérique dans les autres secteurs.

Les interventions de l’AFD dans les télécommunications ont été essentiellement des octrois de prêts à des opérateurs privés via la filiale Proparco qui a contribué à 87% de l’activité. Cependant, il existe une activité non négligeable auprès de bénéficiaires publics qui a généré un engagement de 107 M€ sur 2001-2015, essentiellement pour des projets de câbles sous-marins. 

Positionnement de l’AFD

Les projets de télécommunications ont permis de financer des infrastructures, sans intervention sur la gouvernance sectorielle :

  • Interventions de Proparco auprès d’opérateurs privés de télécommunications (opérateurs de réseaux mobiles, opérateurs d’infrastructures du type « TowerCo » et opérateurs de satellites), ces interventions s’inscrivent dans les tendances générales des marchés des télécoms à l’investissement privé dans les infrastructures et à une mutualisation de plus en plus importante des infrastructures ;
  • Prêts à destination d’opérateurs publics pour le financement d’infrastructures : participations à des consortiums de câbles sous-marins et réseaux d’accès haut-débit. 

Les appuis de l’AFD dans le domaine du numérique peuvent être schématiquement classés en trois catégories :

  • Applications numériques souvent financés en subvention pour l’éducation (formations en ligne, outils éducatifs sur mobile…), la santé (télémédecine, santé mobile, systèmes d’information hospitaliers…) ou le soutien au secteur privé (informatisation des instituts de micro-finance, école informatique, soutien aux incubateurs…) ; 
  • Systèmes d’information de gestion de réseaux (réseaux intelligents, SCADA…) ou d’opérateurs (gestion clientèle, ERP…) dans l’énergie, les transports, l’eau et l’assainissement financés par des volets de prêts dans le cadre de projets d’infrastructure ;
  • Systèmes satellitaires pour l’environnement et la protection des ressources (forêts, pêche) sous forme de subventions pour la recherche et de prêts pour la mise en place de systèmes.

Notons que les évaluations d’expérimentations dans le domaine de l’e-éducation ont montré que les effets du numérique dépendent d’un certain nombre de facteurs : adaptation des technologies et des contenus au contexte local, inscription des solutions proposées dans les pratiques existantes des acteurs, formation des usagers etc. Le constat est également établi de la généralisation d’expérimentations, qui peuvent montrer des effets positifs, mais dont le passage à l’échelle est aujourd’hui encore trop limité. Finalement, l’implication du secteur privé semble essentielle, avec des partenariats avec les acteurs publics adaptés et offrant des modèles économiques pérennes. Ces conclusions sont valables au-delà du secteur de l’e-Éducation.

Valeur ajoutée de l’AFD sur la question numérique

L’AFD bénéficie de nombreux atouts pour faire valoir un positionnement ambitieux dans le soutien à la transition numérique de ses pays d’intervention. Grâce à son réseau de 72 agences, l’AFD est en mesure de devenir un partenaire privilégié des pays dans les télécommunications et le numérique, mais aussi dans les opportunités d’utilisation des nouvelles technologies dans les secteurs traditionnels d’intervention. Ce réseau d’agences constitue par ailleurs un atout valorisable dans le cadre d’une approche partenariale avec les autres bailleurs de fonds, dont l’ancrage local n’est parfois pas aussi important que celui de l’AFD.

L’AFD peut également se reposer sur la filière numérique française, composée d’acteurs publics et privés, disposant d’une expérience singulière dans la transition numérique des organisations et des territoires. En France, il est estimé que la filière numérique compte 155 000 entreprises et emploie directement ou indirectement 1,5 millions de personnes. Les entreprises françaises du numérique sont positionnées sur tous les domaines du numérique grâce à des acteurs de premier plan, des couches basses (infrastructure matérielle, réseaux,…) aux couches les plus hautes (cloud, applications, cybersécurité,…). D’ici 2025, les analyses prospectives prévoient un positionnement et une diversification sur les nouvelles frontières de l’internet, le web sémantique et l’Internet des objets, domaines présentant un potentiel gigantesque pour l’atteinte des ODD. L’écosystème d’innovation français possède par ailleurs un formidable levier de mise en valeur et de projection que constitue le label French Tech, qui a pour vocation à s’exporter à l’international, en particulier en Afrique, zone stratégique de développement pour les startups françaises, notamment  de la diaspora. 

Le modèle français de politique publique en faveur de la transition numérique constitue un atout valorisable et exportable au Sud : modernisation de l’action publique (SGMAP, Etalab, CivicTech…), innovation (label French Tech, écosystèmes territoriaux, BPI,…), aménagement numérique des territoires (mission très haut débit, réseaux d’initiative publique, smart city…) ou encore régulation numérique (données personnelles, loi Lemaire 2016). L’AFD s’appuiera sur les acteurs publics pour assurer le succès de sa stratégie numérique.