L’année 2016 semble marquer un tournant pour les bailleurs qui seront nombreux à établir des documents stratégiques dédiés au numérique (Banque Mondiale, BAD, DFID), parfois pour la première fois (KFW, Commission Européenne). La portée de ces documents n’est pas homogène : alors que le sujet des usages sectoriels innovants (ICT4D) est universellement mis en avant, la question des infrastructures est traitée surtout par les multilatéraux, tandis que l’ambition d’une transformation numérique qui aille au-delà d’opportunités consensuelles (open data, acculturation des équipes…) est traitée surtout par DFID, USAid et la Banque mondiale. Les organisations mises en place au sein des bailleurs sur le sujet numérique disposent de moyens humains aux responsabilités qui reflètent les positionnements stratégiques, et qui sont souvent en augmentation.

L’activité de financement de projets numériques se révèle difficile à mesurer. Bien qu’elle soit largement et logiquement reconnue comme croissante, les limites d’identification des composantes numériques ou de leurs montants dans les projets sectoriels rend toute quantification difficile. Ce constat appelle à la mise en place généralisée d’un meilleur suivi.

La coordination entre bailleurs reste à construire. La Banque mondiale, qui a publié en 2016 son rapport du « World Develoment Report » sur les dividendes du numérique, joue un rôle de leader sur la réflexion intellectuelle concernant le rôle du numérique et développement. 

Le soutien des initiatives innovantes a été intégré dans les activités de plusieurs bailleurs (BM, USAid, DFID, SIDA…), sans qu’elle soit uniquement limitée au numérique. Elle est portée par des outils financiers et procédures spécifiques, souvent inspirés du capital-risque et qui font appel à la subvention. Ces fonds sont gérées par des équipes dédiées parfois externalisées (Global Innovation Fund, Infodev, financement de programmes GSMA par le DFID).

Au niveau européen, la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement de la Commission européenne (DEVCO) a coordonné des discussions d’experts issus des pays membres  pour présenter mi-2016 une note de concept devant les Ministres du Comité Développement.

Ce panorama ne serait pas complet sans mentionner le poids du secteur privé. Porteur principal des investissements pour le développement des infrastructures et services, et ayant vu naître ces dernières décennies des acteurs mondiaux incontournables à la fois chez les opérateurs télécoms et dans les services, le secteur privé est présent sur l’ensemble des ambitions du numérique pour le développement, souvent d’ailleurs au-delà du cœur d’activité de l’entreprise. Les interventions de Google, Orange, Facebook – pour ne citer qu’eux – vont des infrastructures aux nouveaux usages en passant par le soutien des entrepreneurs et des écosystèmes d’innovation.

Finalement, notons que de nombreux réseaux télécoms africains ont été construits ces dernières années grâce à des financements chinois à l’export.