Les technologies numériques (aussi nommées TIC pour Technologies de l’Information et de la Communication) englobent tous les outils qui servent à collecter, stocker, analyser et partager l’information. Elles sont issues de la convergence entre trois domaines : l’informatique (traitement automatique de l’information via l’exécution de programmes par des machines), les télécommunications (émission, transmission et réception d’informations à distance) et les contenus numériques (texte, musique, vidéos, médias interactifs…). La notion de « numérique » englobe aujourd’hui non seulement ces technologies mais également les nouveaux usages, méthodes, acteurs ou encore valeurs qui ont émergé avec ces technologies. Au cœur du numérique se trouve le réseau mondial de communication Internet qui est sans doute l’innovation la plus importante de la fin du XXe siècle.
Le numérique s’est emparé du monde entier : la planète compte près de 5 milliards d’usagers mobile et 3 milliards d’usagers d’internet. Cette accessibilité continue de s’étendre : d’ici 2020, près d’un milliard de personnes supplémentaires disposerait d’un téléphone mobile et on estime le nombre de connexions smartphones à plus de 2,5 milliards. Avec l’adoption d’usages de plus en plus consommateurs de bande passante, le trafic de données sera multiplié par 10 entre 2014 et 2019. Dans les pays en développement, l’adoption du numérique passe par le téléphone mobile. Porté par la libéralisation du secteur, la demande non satisfaite par la téléphonie fixe, un marketing adapté, la maturité et le coût décroissant des technologies, la pénétration du mobile y a connu une croissance sans équivalent. Dans l’histoire de l’humanité, aucune autre technologie que le téléphone mobile n’a atteint autant de monde en si peu de temps. Les frontières du monde connecté ne s’arrêtent pas aux êtres humains : ce seront bientôt des dizaines de milliards d’objets connectés qui rejoindront le réseau mondial.
Les outils et usages numériques affectent, parfois révolutionnent, tous les pans de l’activité humaine. Prenant une place de plus en plus centrale au cœur de la vie privée, sociale, professionnelle ou politique, ils en redéfinissent les temps et espaces. Les médias sociaux permettent aux êtres humains de faire porter leurs voix individuelle et collective d’une manière inédite. Les plateformes web portent des transactions d’information et de commerce entre tous les usagers du réseau. A travers ces outils, l’individu construit une partie de son identité en ligne. Et à mesure que l’imbrication des mondes matériels et immatériels s’intensifie, ces usages changent la mécanique cognitive et sociale des êtres humains. Ces évolutions suscitent ainsi des réflexions dans tous les domaines des sciences sociales : psychologie, management, sociologie ou encore philosophie.
C’est peut-être dans le domaine économique que la radicalité de la révolution numérique apparaît la plus clairement. Le secteur numérique lui-même (informatique, télécoms, contenus et web) est en croissance (3,8 % du PIB mondial en 2014, en croissance de +3,9 % en 2015) et créateur d’emplois (+15 % entre 2014 et 2020). Mais l’influence du numérique ne s’arrête pas là : il impose en effet une transformation numérique dans tous les secteurs. Les modèles (d’opérations, d’affaires, de relations aux partenaires et aux clients) comme les technologies et règles d’ingénierie sont remis en cause par les possibilités numériques. L’intégration de ce nouveau paradigme devient pour les entreprises un avantage concurrentiel, voire une condition de survie. En court-circuitant les chaînes de valeur traditionnelles et en ignorant les frontières nationales et sectorielles, le numérique fait en effet naître de nouveaux acteurs qui bouleversent les marchés établis. Les plus connues de ces plateformes connaissent une croissance mondiale extraordinaire qui met sur la touche les acteurs traditionnels et prend de vitesse les régulations nationales.