La révolution numérique est qualifiée par nombre d’experts de 3e révolution industrielle, une révolution de l’information qui a débuté avec le microprocesseur en 1975 et s’est accélérée avec le web à partir des années 1990.
Cette révolution est d’abord celle de la vitesse. Les cycles de production dans le numérique sont extrêmement rapides et soumis à une constante recherche de l’innovation qui, plus que dans n’importe quel autre domaine, génère une compression du temps de développement et mise sur le marché d’un nouveau produit. Ce phénomène s’illustre non seulement dans le rythme effréné d’évolution des technologies (que rien n’illustre mieux que la loi de Moore), mais également - de manière plus remarquable encore - par un rythme d’adoption de nouveaux usages (Facebook atteint un milliard de personnes en 10 ans, WhatsApp en 5 ans).
Cette révolution est également permise par les efforts de normalisation et d’interopérabilité qui traversent les technologies numériques, que ce soit au niveau du réseau internet lui-même, construit comme un réseau de réseaux indépendants et une plate-forme neutre de transmission, que dans la normalisation des technologies, qu’elles concernent la transmission, la radio ou l’informatique. Cette ouverture et homogénéité, de nos jours parfois menacées, donne aux innovateurs une plate-forme technique sur laquelle construire et promouvoir leurs services. Le coût de développement d’applications numériques, relativement faible, et le coût marginal des opérations qui s’y dérouleront, quasi nul, promettent une croissance et une rentabilité très forte et rapide (et potentiellement une position dominante inattaquable) à qui saura atteindre une taille critique. Cette perspective explique les mécanismes de financement très spécifiques du numérique où les valorisations peuvent être sans commune mesure avec l’activité courante.
Par ses capacités de mettre en relation les usagers l’un avec l’autre, de pair à pair (P2P), le numérique introduit une horizontalité non seulement dans les rapports entre machines mais également entre êtres humains. Chacun peut s’exprimer et dialoguer sans condition de réputation, sans autorisation ni modes d’intermédiation liés aux organisations traditionnelles, centralisées et hiérarchisées. Cette égalité devant l’accès aux ressources et devant la contribution à ces dernières a fait naître d’innombrables initiatives d’économie collaborative et de co-construction de savoir, de logiciels (dits libres ou open source) ou encore de matériel. La construction commune de connaissances en libre accès fait émerger la notion de biens communs numériques que peuvent constituer soit ces informations, soit le réseau internet lui-même.
En 2020, plusieurs dizaines de milliards d’objets connectés vont rejoindre internet, tandis que le web 3.0, dit « web sémantique », permettra de mieux comprendre l’usager et d’anticiper son besoin. Les nombreuses recherches qui combinent informatique et nanotechnologies, biotechnologies ou sciences cognitives pourraient quant à elles apporter des ruptures considérables dans nos sociétés. La réalité d’une révolution numérique est bien établie, mais elle ne fait que commencer.